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Village fleuri

Soixante pour-cent des Français disposent d'un jardin. Qu'il s'agisse de maisons anciennes ou de constructions neuves, de ville ou de village, le jardin s'est mis à l'unisson : le style pavillonnaire est devenu la norme. Y compris chez les agriculteurs qui ont été parmi les premiers à construire, ou se sont appliqués, s'ils conservaient la ferme de leurs parents, à distinguer l'habitation des bâtiments d'exploitation en ornant ses abords. L'espace décoratif à l'entrée de la maison était autrefois le signe d'un statut social privilégié, il est devenu règle commune, indispensable à la présentation de soi. Cet « espace de devant » suppose le retrait des façades par rapport à la rue. Il apparaît pour la première fois en France dans les cités-jardins de l'entre-deux-guerres, en rupture avec le type traditionnel des maisons ouvrières, celui des corons du Nord par exemple, où l'accès au logement se fait directement depuis la rue. La partition entre jardin de devant et jardin de derrière s'est imposée durablement après la guerre. Devant, l'espace exposé à la vue, avec sa pelouse, ses arbustes d'ornement, ses potées fleuries, ses objets décoratifs. Derrière, l'espace utile, où l'on cultive les légumes, où l'on mange en plein air, où l'on étend le linge, où l'on répare le vélo, bref le lieu qui abrite l'intimité de la vie familiale. Depuis les banlieues urbaines, le dispositif s'est diffusé dans les campagnes, où il a accompagné le développement de la construction pavillonnaire à partir des années 1970.

La politique menée par les pouvoirs publics en matière de fleurissement a joué un rôle important dans l'élaboration d'une norme commune. Les premiers concours du « village coquet » organisés par le Touring Club dans les années 1920, puis à partir de 1959, institutionnalisation de différents types de concours sous l'égide du secrétariat au Tourisme, ont progressivement contribué à forger un code de bonne présentation.

En 1972, un Comité national du fleurissement de la France (C.N.F.F.), association de 1901, prend le relais des ministères «pour entreprendre et susciter toutes actions tendant à assurer et à promouvoir l'accueil, le fleurissement, la propreté des villes et des villages», tandis que le terme « fleurissement » fait son entrée dans le dictionnaire Larousse. En même temps, la sélection horticole s'intensifie. Elle s'accélère encore avec la spécialisation des grandes entreprises et le marché de la grande distribution : un nombre limité de plantes (ageratum, bégonia, cyclamen, impatience, muflier, œillet d'Inde, sauge, géranium, pétunia...) représente l'essentiel des ventes. Car de plus en plus souvent ces fleurs s'achètent, y compris dans les milieux populaires où ce n'était guère l'usage dans un passé encore récent. Plantes « de fond » comme disent les horticulteurs, elles sont aussi de culture facile et leur floraison dure longtemps. Leurs couleurs éclatantes et leur profusion ont fait le succès du « modèle fleuri » dans le jardin privé comme dans l'espace public. On le trouve sur le devant des maisons, dans les rues, les places et les ronds-points des villes et des villages, il règne dans la société tout entière. On l'accuse volontiers d'avoir banalisé le paysage. Mais il fait désormais partie de la culture populaire

Les plantes ne sont qu'un élément du décor du jardin, ce décor qui fait les beaux jours du marché des produits de jardin. C'est un marché florissant. Promojardin (association qui réunit fabricants, producteurs et distributeurs) vante un chiffre d'affaires supérieur à celui de la micro-informatique, à peine inférieur à celui de la télévision et de la haute-fidélité. Les grandes surfaces et les jardineries, apparues dans les années 1970, ont rapidement supplanté le secteur traditionnel des producteurs et des marchands grainiers. Selon une enquête S.O.F.R.E.S. de 2005, on ne compte plus que 17 % de vente traditionnelle contre 73 % de vente pour la grande distribution. La plus grosse partie du marché est occupée par la motoculture de plaisance, l'outillage à moteur et à main, l'équipement d'arrosage, les produits phytosanitaires et les engrais, le mobilier, les barbecues, les pots et autres contenants, les clôtures, les abris, l'éclairage, les jeux, les piscines hors sol. Sans compter les pergolas, treillages, palissades, claustras, parasols, nains de jardin, et autres petits équipements, dont les ventes ne cessent de croître. Les végétaux ne représentent plus que 28 % du total.

in encyclopaedia Universalis 2020-Les Français et leurs jardins Article Žcrit par Franoise DUBOST

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