fondpagehistoirecopie1

Ville-sur-Yron Histoire

chargecavaleriedeloin
VY
Ville-sur-Yron et

 

Le combat de cavalerie.

Le haut-relief tourné du côté Nord, représente le combat de cavalerie et est divisé en deux masses. Les effets sont ici plus profonds.

A gauche du général de Ladmirault qui étend le bras, figure le général de Cissey. Derrière le général de Ladmirault, le peintre Protais qui suivait l'armée en 1870 et dont les traits ont été reproduits ici par Bogino sur la demande qui lui en a été faite par les généraux de Ladmirault, et de Cissey. A la droite du général de Ladmirault, le colonel de Vernéville qui lève son sabre. Au premier plan, le fils du général Henri, porte-fanion du général de Ladmirault, tué le 16. Au premier plan également et étendu à terre, le général Legrand tué le même jour. A droite, en regardant le tableau, le général comte de Montaigu, blessé le J 6, qui tombe de cheval.

La reproduction de ce magnifique haut-relief nous a inspiré l'idée de retracer ici même la physionomie du combat de cavalerie de Mars-la-Tour qu'il personnifie bien. Pour cela, nous avons eu recours au carnet de l'aide-de~camp du général de Ladmirault, le comte de la Tour du Pin Chambly, qui, emmené en captivité à Aix-la-Chapelle, écrivait le 11 février 1871, le récit suivant de ce combat terrible auquel il a pris part et qu'il a décrit avec une ardeur toute militaire:

Le combat de cavalerie du 16 août eut pour théâtre les champs qui s'étendent entre Jarny et Mars-la-Tour, à l'Ouest de la route qui relie ces points. Cette région est légèrement inclinée au Nord·Ouest, et vers son milieu la déclivité se prononce par une dépression marquée, au-dessus de laquelle s'avançaient depuis Mars-la-Tour les lignes de cavalerie allemande, formées par la brigade de dragons de la Garde, la brigade Barby de la division Rheinbaben (4° cuirassiers, 19° dragons, 13° uhlans) les 13° dragons et 10° hussards' de la même division, et le 16° dragons de la division d'infanterie Kraatz.

Ce fut particulièrement contre les cinq derniers régiments, précédés sur leur droite par une batterie à cheval, que se heurtèrent nos régiments : 2" chasseurs d'Afrique (division du Barrail), 2° et 7° hussards (brigade Montaigu de la division Legrand), 3° dragons (brigade Gondrecourt de la même division), lanciers et dragons de la Garde Impériale (brigade de France), tous venant de la ligne brisée Bruville-la-Grange.

L'action eut lieu par ordre du général de Ladmimult, dont les divisions maîtresses du plateau de Greyères formaient l'aile droite de l'armée Française, lorsque leur marche, jusque-là progressive, fut arrêté par une puissante attaque d'infanterie sortie de Tronville, et menacée en même temps sur son flanc droit par la marche des troupes de cavalerie énumérées plus haut.

Il pouvait être cinq heures du soir quand nos batteries de droite, déjà engagées de front contre l'attaque directe, furent tout à coup prises en rouage par une des batteries de la cavalerie allemande, établie sur la route même presque à hauteur de cette ferme. - Nous allions être tournés.

C'est alors que le général de Ladmirault, arrivant au flanc menacé, me donna brièvement cette mission: « Ramasser tout ce que je trouverais de cavalerie sur ses derrières et l'amener pour dégager sa droite. »

Prenant ma course vers le vallon de Bruville, je rencontrai d'abord le général du Barrail à la tête d'un seul de ses régiments d'Afrique, puis le général Legrand devant sa division (dont un régiment était détaché) enfin le général de France avec sa brigade de la Garde. A tous trois je peins la situation, le vœu de mon général, - car le général Legrand appartenait seul au commandement du 4° corps, - et tous trois font rompre aussitôt à droite pour franchir le ravin qui contourne le plateau de Greyères. Ce ravin qui porte sur son revers opposé la route de Mars-Ia.Tour à Jarny, est suivi par un ruisseau profond qui en gêne encore le franchissement.

Néanmoins les escadrons de chasseurs d'Afrique le passent au galop, sautent la route, font à gauche et fondent en fourrageurs sur les canons ennemis qui ont à peine eu le temps de faire feu.

Ils les traversent, poursuivent les canonniers qui les ont abandonnés, puis découvrent en avant et sur la droite les masses Je la cavalerie allemande dont les flanqueurs s'ébranlent contre eux. Mais du même temps de galop, les chasseurs conversent à droite, se dégagent des détachements ennemis, se rallient vivement à l'angle de la route et du bois, et là, par un feu nourri, font renoncer à les poursuivre.

Dans ce fait d'armes téméraire, la rapidité avait enlevé le succès et la batterie sabrée ne reparut plus.

Pendant ce temps, les trois régiments de la division Legrand ne rencontrant plus le feu de l'artillerie, si brillamment enlevée, avaient franchi en colonnes le ravin et la route, et se reformaient, face à gauche, la brigade de hussards, inversé sur une seule ligne, le 3° dragons en réserve en dehors du flanc droit. La brigade de France passant par derrière en colonne serrée, conservant le trot pour former la droite du vaste mouvement destiné à déborder l'ennemi.

Je pus montrer à son commandant les cavaliers allemands à petite portée de fusil, et revenir encore assurer le général Legrand du concours de cette brigade, au moment même où un autre aide-de-camp de mon chef apportait l'ordre de ne pas différer l'action. Le général de Ladmirault envoyait cet ordre parce qu'il apercevait des essaims de tirailleurs descendant de Tronville et décelant une nouvelle attaque d'infanterie contre les progrès de laquelle il redoutait de voir se butter la charge de sa cavalerie si elle eût tardé davantage. Alors un colonel de hussards demande de faire feu sur l'ennemi qu'on apercevait à quelque 800 mètres, arrêté sur la crête du terrain. « Au sabre » reprend le général de division, et sur son ordre, M. de Montaigu enlève sa brigade qui est bientôt au galop.

Je vis alors quelques cavaliers se détacher vivement de la troupe ennemie pour reconnaître l'attaque que fournissait à pleine allure déjà, malgré la longue pente contraire, la ligne de nos hussards. Les dragons allemands surpris, restaient immobiles, en arrière de la crête, sauf à l'aile droite que des pelotons prolongèrent en se reformant face à nous, au-devant de qui l'ennemi n'eut plus alors le temps que de courir quelques pas, mais avec une précision imposante. Il avait formé ainsi la droite d'une tenaille mouvante qui allait recevoir le choc du 2° hussards, tandis que le 7° donnerait partie dans un intervalle, partie contre un régiment formé primitivement en masse, face à droite, qui n'avait eu que le temps de faire front en colonne serrée.

Le choc fut rude: les dragons prussiens poussent leur « hurrah» déchargent à vingt pas les mousquetons pendant à l'arçon, et aussitôt les sabres jouent, chez eux, du taillant, chez nous de la pointe. Les plus vigoureux de nos cavaliers, dont le général de Montaigu, fendent les rangs allemands; mais la masse des chevaux français, petits, essoufflés, se brise contre le mur que leur oppose une troupe supérieure en stature et en cohésion. Alors, qui des nôtres a traversé veut de nouveau se frayer passage à travers les rangs reformés; la mêlée devient violente, le général de Montaigu blessé, tombe au pouvoir de l'ennemi, le général Legrand qui, au cri de «Vive l'Empereur!» a regagné à la tête de sa petite réserve la droite de ses hussards, roule percé de coups; son état-major, les officiers de dragons qui l'ont suivi, presque tous tombent comme leur colonel sous les sabres d'un troisième régiment ennemi (19° dragons de Hanovre) qui s'est rabattu en ligne sur notre attaque. Le général de France n'a que le temps de se jeter à l'encontre, ses lanciers à peine formés sur la gauche en bataille. Son centre perce complètement les dragons allemands, mais la gauche va donner dans la droite des troupes Legrand, et y est prise, à cause de ses habits bleus, pour des dragons ennemis, tandis que l'escadron de droite est culbuté par une colonne de uhlans qui accourait de l'Ouest. Sur le flanc que prêtent à leur tour ces uhlans, se jettent nos dragons de la garde et les abîment. Enfin sur les derrières de la mêlée, arrivent du côté des Allemands, des hussards, puis des cuirassiers, qui ne peuvent guère y pénétrer; de notre côté, les infatigables chasseurs d'Afrique qui s'y enfoncent en fourrageurs. Ce n'était plus un combat, mais un tumulte furieux, où six mille cavaliers de toute arme s'entretuaient presque au hasard. Au milieu des imprécations, des détonations et du choc des sabres, on entendait à peine l'appel que nous adressaient nos malheureux lanciers, « ne frappez pas, nous sommes des Français » et le cri « pas de quartier» de nos dragons de la Garde, qui avaient vu des uhlans clouer au sol des blessés.

C'était horrible et merveilleux!

L'acharnement de la lutte fit flotter quelque temps ainsi ces ouragans humains, et le carnage eut continué encore, si les sonneries de ralliement par lesquelles le général de France, témoin de la fureur aveugle de la mêlée, essayait de rappeler ses cavaliers, n'eussent achevé de faire redescendre tout le tourbillon vers le ravin, d'où nos attaques étaient sorties.

Là, les Français s'arrêtent, se groupent; ceux des Allemands que la poursuite a entraînés s'esquivent; les trompettes rappellent des deux côtés et les deux cavaleries cherchent à se reformer chacune sur le terrain qu'elle avait quitté pour le combat. Le ralliement de la nôtre est dirigé par le général de Gondrecourt qui, accouru avec la réserve, s'est dégagé avec peine de la mêlée. Ce ralliement est protégé à gauche par le feu des chasseurs d'Afrique, à droite par celui de cavaliers démontés qui se sont groupés à la lisière du bois, mais surtout par l'action du 5° bataillon de chasseurs, poussé à dessein par le général de Ladmirault dans la pente du ravin de Greyères. Sous ses armes, périt presque entièrement un régiment des dragons de la garde prussienne qui venait de se couler dans le ravin pour y soutenir l'ensemble des attaques, et le même sort atteignait, non loin de là, l'autre régiment de cette belle brigade, alors que se sacrifiant pour dégager une colonne d'infanterie en désordre, il fut foudroyé comme elle.

Le gros de la cavalerie prussienne qui s'était reformé sur la hauteur, n'y resta pas longtemps comme une menace victorieuse, mais fut déterminé à la retraite par l’apparition, sur le lieu du combat, de la division de cavalerie Clérembauld, qui avait marché vers le ravin à la poussière des charges et dont un escadron du 4° dragons, brillamment enlevé par son colonel, eut l'honneur d'échanger avec l'ennemi les derniers coups de sabre en se jetant en fourrageurs sur son flanc.

L'action ne fut pas poursuivie; bientôt les troupes allemandes se mirent définitivement en retraite, nous cédant l'étendue du champ de bataille, où la recherche de nos morts et le soin des blessés termina pour nous une des plus violentes et des plus grandioses rencontres do cavalerie de la guerre moderne, rencontre dont il m'a été donné d'être témoin depuis les préludes jusqu'au dénouement.

DE LA TOUR DU PlN-CHAMBLY.

Aix-la-Chapelle, 11 février 1871.

bataille 16 août
Dépliant 1870
main3a
depliant 1870-01
main3a1
depliant 1870-2
effecer les docs
Projet de Musée Champêtre
main3a2
planallemand18702
legrandbasrelieffondfv

Il ne s'agit pas dans ces pages de retracer toute la guerre de 1870…Seulement de donner quelques élements de la journée du 16 août 1870 qui ont marqué le territoire de la commune.

Village fleuri
effecer les docs Village fleuri